Courteline et Bergman.
"La peur des coups" et "Scènes de la vie conjugale".
Le théâtre et le cinéma.
Un homme et une femme.
Le rire et les larmes.
Le mariage et le divorce.
La rencontre et l’amitié.
Un lit et un bureau…
Une petite odyssée intime, joyeuse et joueuse, entre illusion comique et illusion tragique, une mise en dialogue d’auteurs que tout sépare à priori, comme des amis différents qu’il nous amuserait d’inviter à une improbable soirée.
Les auteurs
"Plus qu’hier et moins que demain" rassemble des auteurs dont l’œuvre, à des époques différentes, s’est attachée à ausculter les relations au sein du couple.
Georges Courteline (1858 – 1929), a dépeint, au travers de ses pièces, avec une verve satirique, les travers de la petite bourgeoisie. Ses personnages, magistrats, sous-officiers, maris et femmes, sont tous d’une médiocrité rare et remarquable.
« La peur des coups », pièce courte de 15 mn, délicieuse de précision comique et de ridicule, décrit une scène de ménage. Un couple persécuteur/persécuté, admirablement saisi sur le vif, étale sa bêtise et sa méchanceté quotidienne.
Ingmar Bergman (1918 – 2007), auteur, metteur en scène et réalisateur suédois, s’attachera, dans toute son œuvre, à mettre en scène le caractère tragique de la condition humaine.
Ses thèmes majeurs s’articuleront autour de la peur de la solitude : l’absence de Dieu, la peur de la mort et les déchirements du couple.
« Scènes de la vie conjugale » est une chronique en six chapitres de la vie d’un couple sur une période de vingt ans. Disputes, séparations, retrouvailles, nuits d’amour, discussions : ils semblent voués à vivre ensemble….Les analphabètes est le 5ème chapitre de cette chronique et décrit l’apaisement des retrouvailles.
A ces deux pièces, seront associés des écrits de Woody Allen (Annie Hall) et Alberto Moravia (Le Mépris), textes traitant également des relations au sein du couple.
Note d’intention
A des époques différentes, ces textes abordent le thème des rapports hommes/femmes au sein du couple…
Prisonniers du regard des autres, mais aussi de leurs propres regards, l’image que les hommes et les femmes donnent de leur couple en société peut parfois être fondamentalement éloignée de la réalité.
Ces textes parlent de cette intimité complexe, de ces secrets et de ces paradoxes.
Ils parlent des amours différentes, délicatement changeantes qui peuvent se vivre entre deux personnes durant toute une vie.
Ce sont des dialogues tantôt de sourds tantôt fraternels qui s’inventent entre ces personnages, des jeux de mots, d’humour et de cruauté.
Les mots y sont vecteurs d’angoisse, de pudeur, de différence, souvent et de sensualité toujours.
Tous ces rites étranges s’écrivent différemment selon l’époque et l’auteur. Les mettre en présence tient un peu de la chimie, beaucoup de l’excitation, de la curiosité de jouer bout à bout ces scènes si proches et si lointaines les unes des autres.
Les deux textes parlent aussi, sans mot, de ces non-dits qui construisent ou sapent petit à petit une relation, l’influence de la culpabilité dans ses agissements avec les autres, le conflit entre la volonté de sécurité représentée par la routine du quotidien et la volonté de vivre ce que nous dicte réellement nos envies…
Le couple est une expression de la relation humaine : chercher l’autre en soi-même, se chercher dans l’autre.
L’autre n’est-il pas cette part inconnue de soi-même qui fait peur ?
Les moments de crises -positives comme négatives d’ailleurs- que rencontrent les couples dans ces textes participent de ce mouvement en avant qui fait voler en éclats les apparences, le monde connu, pour traverser le miroir et peut-être se dévoiler et se trouver enfin…
Ce sont ces successifs coups de foudre que nous souhaitons faire traverser. De la farce bourgeoise au questionnement intime, le temps passe doublement.
Avec l’énergie et l’ironie tendre que supposent ces grands écarts stylistiques, jeux de miroirs ou de massacre, nous tenterons d’en parler.