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Louise elle est folle

© Christian Berthelot

De Leslie Kaplan (Editions P.O.L. 2011)
Adaptation, mise en scène et jeu Elise Vigier et Frédérique Loliée

« Je n’en ai pas fini avec les thèmes ouverts par Duetto5 - Toute ma vie j’ai été une femme, et je veux explorer plus loin ce que signifie pour moi être une femme ici et maintenant, une femme comme je l’ai écrit « en proie » aux mots, au langage aussi bien qu’à la société d’aujourd’hui. Rien n’est donné une fois pour toutes, rien ne peut se réduire à « une catégorie, une case, ou un cas », tel est le point de vue à partir duquel je pense qu’on peut poser, saisir, retourner cette question, la mettre en situation, la faire circuler en dialogues. En y réfléchissant, je pense que ce questionnement a beaucoup à voir à la fois avec la ville et avec la folie.

Avec la ville, parce que la ville est un autre nom pour notre civilisation actuelle, parce que nous sommes des « habitants des villes » (Brecht), mais aussi parce que la ville est le lieu même de la rencontre, du possible, de la surprise, de l’inattendu.

Avec la folie, parce que nos dérives, mais aussi notre créativité à nous habitants des villes passe par des formes de décalage, d’écart, de marge, de transgression, qui ont à voir avec la folie, parfois la folie qu’on enferme, mais aussi la folie ordinaire, celle qui est là, dessous, et qui peut toujours affleurer. J’ai souvent travaillé ces dérives et ces ouvertures dans mes livres. Je veux continuer, saisir comment la folie recoupe des données de notre monde commun, comme la consommation, le spectacle, l’identité et l’étranger, et comment, si on la suit, on peut l’attraper, ce monde, dans toutes ses dimensions, dans toutes ses directions, guidés que nous sommes par les mots, par tous les mots, par tout ce qui est dit et par tout ce qui n’est pas dit mais qui existe à l’état latent.

Après l’expérience de Duetto5 -Toute ma vie j’ai été une femme, et la joie du travail avec Frédérique Loliée et Elise Vigier, j’ai eu envie de continuer : il y a une très grande entente avec ces deux comédiennes-metteuses en scène, et les allers-retours entre l’écriture, la lecture et le travail de plateau sont pour moi extrêmement stimulants. Elles m’apprennent vraiment ce que c’est le théâtre : un rapport, que j’ai toujours cherché dans mes romans, au présent, à l’ici et le maintenant, un rapport contradictoire, paradoxal, tendu, au monde tel qu’il est et tel, bien sûr, qu’on le souhaite. De par leur histoire au sein de l’équipe du Théâtre des Lucioles elles ont un rapport quasi spontané au collectif, au partage, et l’équipe dont elles s’entourent, vidéo et sons, fait de la transposition des mots en spectacle une véritable recherche, une création continue. J’ai conçu Louise, elle est folle en pensant à elles, à leur présence sur le plateau comme à leur façon de montrer et d’inventer l’univers de ce texte. »

LESLIE KAPLAN

Spectacle a été créé à la Maison de la Poésie à Paris en mars 2011.
Ce projet a fait l’objet d’un projet de coopération européenne associant Les Lucioles au Teatro Stabile de Naples et à l’association polonaise Camera Obscura.

Distribution

Adaptation, mise en scène et jeu
Elise Vigier et Frédérique Loliée

Décor Yves Bernard assisté de Michel Rose
Lumières Maryse Gautier
Son et musiques Teddy Degouys
Création vidéo Romain Tanguy
Collaboration vidéo et régie Quentin Vigier
Régie générale et plateau Camille Faure
Costumes Laure Mahéo
Régie lumière Jacques Guinet
Assistante à la mise en scène Bernadette Appert

Extraits

Leslie Kaplan "Louise, elle est folle" from LES LUCIOLES on Vimeo.

Lecture d’extraits de LOUISE, ELLE EST FOLLE
Présentation de saison > Comédie de Caen

Déplace le ciel from Comédie de Caen on Vimeo.

Production

Production LES LUCIOLES
Coproduction Comédie de Caen – CDN de Normandie
Teatro Stabile di Napoli (Italie), Nouveau Théâtre d’Angers - CDN des Pays de la Loire, Le Rayon Vert –St Valéry en Caux, l’Hippodrome - Scène Nationale de Douai, Le CENTQUATRE – Etablissement artistique de la ville de Paris
Soutien La Maison de la Poésie et la ville de Paris
Aide Union Européenne (programme Culture 2007-2013), lnstitut Français, Ministère de la Culture et de la Communication - DRAC Bretagne - Compagnonnage, Dicream – CNC-CNL.
Aide à la production Fonds SACD Théâtre
Participation artistique du Jeune Théâtre National

Presse

Deux femmes visiblement excédées l’une par l’autre. Les mots jaillissent de leurs bouches sans qu’elles les maîtrisent. Leurs propos n’ont rien à voir avec la réalité mais tout avec les clichés les plus éculés. La carnassière machine capitaliste a broyé leurs personnalités. Ce qui leur reste d’humanité elles le projettent sur Louise, une tierce personne, qui n’apparaît jamais mais qui, concentre leurs désirs les plus enfouis. Elles n’ont donc de cesse de la traiter de folle.
Leslie Kaplan est sans doute aucun l’un (l’une) des rares auteurs dramatiques français digne de Bernard-Marie Koltès et de Jean-Luc Lagarce. Si son sentiment de l’absurde qui gouverne nos vies évoque Beckett, son propos est par ailleurs en prise directe avec notre désolant présent. On repère dans le maelström de paroles que déversent les deux occupantes du plateau - phénoménales Frédérique Loliée et Elise Vigier - l’aversion qu’inspire à l’auteur la société néo- libérale, le peu de cas qu’elle fait de nos préoccupations et son acharnement à rejeter les fous, c’est à dire tous ceux qui ne marchent pas au pas, hors de l’humanité. On peut plus qu’on ne l’a jamais fait parler de déraison d’état.
ALLEGRO THEATRE I mars 2011

(...) Dans les superbes décors d’Yves Bernard, Frédérique Loliée et Elise Vigier se montrent toujours extrêmement inventives : elles dansent, crient, menacent, passent du côté du public, raccourcissent leurs jupes, et prennent des douches. Et cette énergie réjouissante est toujours juste, décrivant un nouvel état de la femme sans jamais la figer dans l’hystérie. Le texte de Leslie Kaplan fonctionne à la manière des tropismes de Nathalie Sarraute : partant d’une réflexion, chaque scène s’emballe dans le sillage des mots qui interrogent partant des cochons, du sexe, ou du vol de mots pour grimper jusqu’aux cieux aux qualificatifs innombrables. En creusant les mots, les comédiennes offrent de fascinantes plages de libertés : des zones où rien n’est « donné une fois pour toutes », et où les identités ne se laissent jamais enfermer dans des boîtes. Un spectacle ensorcelant.
TOUTELACULTURE.COM I jeudi 10 mars 2011

(…) Sur le plateau de la Maison de la Poésie à Paris, les deux actrices Frédérique Loliée et Elise Vigier jouent leur partition en virtuoses. Allant jusqu’à assumer avec doigté, les fêlures de leurs voix quand elles tentent un récitatif slamé-chanté… Il y a sans doute deux explications à cela. Ce texte scandé a été écrit pour elles par l’écrivain Leslie Kaplan, essayiste d’origine américaine qui depuis les années 70 observe la vie en France – à l’usine ou dans les cités comme dans les facs… Et puis les deux comédiennes sont complices depuis toujours, cofondatrices avec Martial di Fonzo Bo, Pierre Maillet et d’autres, du Théâtre des Lucioles en 1994, ce fameux collectif issu de la première promotion de l’Ecole du Théâtre National de Bretagne.
Elles ont elles-mêmes mis en scène leur drôle de show comme une revue où la harangue remplace la chanson, où l’image vidéo (façades d’immeubles de cités, ou prairies peuplées de chimères) devient comme un escalier somptueux. Mais sous leur cocasserie, c’est aussi la question du vivre ensemble qu’elles abordent : comment se débrouille-t-on avec l’identité, avec toutes nos identités. Et pas seulement avec l’origine des mots.
TÉLÉRAMA.FR

 I Emmanuelle Bouchez 12 mars 2011

(…) Les deux interprètes – étonnantes - investissent de tout leur corps ces mots courts, les font valser en l’air ou se chevaucher, les dansent en rythme. L’intelligent et astucieux dispositif scénique –un cube translucide installé sur le plateau- suggère différents espaces et, grâce à un système de projections, permet toutes les fantasmagories. Il est formidablement habité (...)
LEJDD.FR I mardi 8 mars 2011

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