De Evgueni Zamiatine
Adaptation Leslie Kaplan
Mise en scène Elise Vigier
Zamiatine, une suspension de jugement qui n’est pas une compensation réductrice, sentimentale, mais une façon de prendre et de donner le temps pour sentir, éprouver, penser.
Il y a peu de voix incarnées dans le texte de Zamiatine, pas de dialogues, mais il y a des phrases qui se découpent sur un fond silencieux et en un sens ce fond parle. Il s’agit de marquer la différence entre ce que les personnages (Sophia surtout, et Trofim) peuvent penser et ce qu’ils ne peuvent en aucun cas penser (mais qu’ils pensent à leur insu, et font).
Dans le livre la voix de la narration instaure cette distance des personnages avec eux-mêmes, elle les scinde, et en même temps elle les relie à l’univers, au monde qui les dépasse, au ciel et à ses nuages, aux saisons, au temps.
Il y aura ainsi dans la mise en scène deux registres, parole et musique. La musique permet d’introduire une autre dimension, une « autre scène » où se fait entendre la voix du Dehors, irréelle et d’autant plus réelle.
Elle souligne ce qui est déjà là et qui advient, elle ouvre des possibles et laisse le spectateur libre d’imaginer, c’est-à-dire de suivre la réalité du rêve.
Leslie Kaplan, 2000