En 1917, le compositeur Igor Stravinski et l’écrivain Charles-Ferdinand Ramuz, en s’inspirant d’un conte russe traditionnel, inventent une nouvelle forme de spectacle musical, mêlant le théâtre parlé, la musique et la danse. L’Histoire du soldat raconte les aventures d’un militaire en permission tenté par le diable sur le chemin qui le ramène à son village. Le diable, en échange du pouvoir et de la richesse, subtilise au soldat ce qu’il a de plus précieux : son petit violon - sa joie de vivre. Le soldat arrivera à retrouver le bonheur et épouser une princesse - mais ce bonheur sera de courte durée… Ce théâtre de tréteaux, d’apparence simple, se révèle d’une richesse poétique inépuisable. Stravinski déploie pour les sept instrumentistes des trésors d’humour, de nostalgie et de lyrisme.
La version proposée par la compagnie Le Théâtre de l’incrédule offre un nouvel éclairage sur ce chef-d’œuvre du XXème siècle, par l’ajout d’un prologue original. Une génération après la nôtre, dans les années 2050, une jeune femme enquête sur son père, un soldat qu’elle n’a pas connu. Elle se rend pour cela chez un médium qui prétend rendre visibles les souvenirs intérieurs.
Lors de cette séance, la jeune femme va voir resurgir l’histoire de son père des profondeurs insoupçonnées de sa mémoire. Le conte de Stravinski et Ramuz garde son côté fantastique et son humour, mais prend aussi des allures d’enquête documentaire. Les femmes en deviennent les narratrices, cherchant à mettre au jour les traumatismes intergénérationnels de la guerre. Cette prise de conscience va tracer aussi, chez cette jeune femme, le chemin d’une liberté nouvelle.